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— Ma parole, vous êtes malade ! Alors, quand je vais chez le coiffeur vous pensez pouvoir y enfiler vos pantoufles ?

— Je me suis mal exprimé. Je voulais dire que je peux exercer mes droits d’époux où que vous soyez. Quant à vous, Monsieur…

Plus amusé qu’inquiet, Aldo avait allumé une cigarette et considérait le nouveau venu avec bienveillance, en regrettant seulement qu’il n’ait pas fait irruption suffisamment tôt pour lui éviter le salmis incendiaire.

— Je crains que vous ne commettiez une erreur, baron. Je ne suis que l’invité de la baronne…

— Vous l’étiez aussi, je suppose, quand, au départ du train de Bruxelles, je vous ai vu la prendre dans vos bras ?

— Elle risquait de glisser. Je l’ai seulement aidée à monter et n’importe qui en aurait fait autant. J’ajoute qu’avant cet incident, je n’avais jamais eu le plaisir de la rencontrer.

— C’est ce qu’il faudra prouver. On vous connaît, Monsieur le prince !

— Moi, en revanche je ne vous connais pas et vous ne me donnez guère envie de le regretter. À présent, soyez bon, cessez d’agiter cette canne !

— Elle vous gêne ? ricana Waldhaus.

— Plus que je ne saurais dire. Il me déplairait, pour une première rencontre, de vous mettre mon poing dans la figure. (Puis, sur un ton plus conciliant, il continua :) C’est un déplorable malentendu. Nous sommes des gentilshommes et j’espère que vous me ferez l’honneur de le croire si je vous donne ma parole que…

Ce qui se produisit alors devait se retrouver à plusieurs reprises dans les cauchemars d’Aldo : Agathe lui coupa la parole et s’écria en se mettant à sangloter :

— Inutile d’aller jusque-là, cher Aldo ! Il… il ne nous croira jamais… ni l’un ni l’autre… Et, de toute façon, cela ne changera rien à ce qui est ! Un… un amour comme le nôtre…

Il manqua s’étrangler :

— Un amour… Vous perdez la tête, baronne ? Je vous serais reconnaissant d’avoir l’obligeance de la retrouver ! Nous sommes à peine des amis… des relations de voyage, et j’aimerais que vous vous souveniez que je suis marié et père de famille !

— Ne soyez pas inutilement cruel, mon chéri ! gémit Agathe. Il fallait qu’un jour cette situation intenable se dénoue ! En avons-nous assez parlé ? Ce n’est qu’un mauvais moment à passer : nous divorçons chacun de notre côté et…

Furieux, Aldo fit face au mari :

— Est-ce que, sincèrement, vous avalez cette couleuvre ?

— Et pourquoi non ? Ma femme fait preuve avec moi d’une franchise sans faille… sauf peut-être depuis quelque temps, j’en conviens. Mais vous, vous devriez avoir honte de renier ainsi vos fautes !

— Mes fautes ? Je n’ai pas conscience d’en avoir commis d’autre que celle de venir ce soir… pour parler d’un éventail !

L’Autrichien partit d’un rire tonitruant qui fit trembler ses bajoues :

— Un éventail ?… Vous pourriez trouver mieux… Un éventail !… C’est à pleurer de rire !

— Riez ou pleurez mais c’est la stricte vérité : celui de l’impératrice Charlotte du Mexique. Il doit être resté sur la table du salon ! Et moi je suis antiquaire, sacrebleu !

— Et moi, je suis le petit Jésus ! Mais coupons court ! Je sais ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu. Où logez-vous ?

— Hôtel du Palais. Pourquoi ?

— Demain matin vous recevrez mes témoins ! Nous nous battrons, Monsieur !

Un ululement déchirant de la baronne acheva d’exaspérer Aldo :

— Comme il vous plaira ! fit-il. Décidément, nous sommes en plein mélo ! Je vous tuerai donc aussi proprement que je pourrai… mais si j’ai un conseil à vous donner, puisque vous êtes viennois, c’est de confier le plus rapidement possible votre « moitié » au docteur Freud ! Il se peut qu’on puisse encore la soigner de sa mythomanie avant que ce ne soit irréversible !

Le lamento d’Agathe qu’il avait eu le temps de voir s’écrouler en larmes sur le canapé le poursuivit jusque dans le vestibule où Ramon, impavide, lui rendit son chapeau, sa canne et ses gants avant de le raccompagner à la porte. Ce fut un soulagement ineffable de retrouver l’odeur des algues et le vent de mer qui s’était levé dans la soirée. Aldo s’en remplit les poumons avant de se mettre en marche vers son hôtel mais, soudain, Adalbert se matérialisa devant lui :

— Tiens, tu étais là ?

— Depuis un moment. Je n’arrive pas à rester en place ! Je meurs d’impatience ! Tu as vu l’éventail ?

— Je l’ai vu… et aussi son coffret ! Et j’ai acquis la certitude que c’est le bon !

— Génial !

— Par la même occasion, j’ai récolté un duel !

— Un duel ? Avec qui ?

— Le mari. Si tu es là depuis le début, tu as dû le voir rappliquer ? Un grand type, corpulent, enjolivé d’une paire de moustaches à la François-Joseph !

— Et il veut se battre avec toi ? Est-ce qu’il vous aurait trouvés, toi et sa femme, dans une situation… équivoque ?

— Tu parles d’une situation équivoque : nous finissions de dîner ! Il nous est tombé dessus comme la foudre et tu ne sais pas le plus beau : cette folle a entrepris de le persuader que je suis son amant !

— C’est une attitude plutôt curieuse. Les aveux ne font pas partie du répertoire d’une femme normale.

— Surtout quand ils sont faux ! Je me demande ce que j’ai pu lui faire pour qu’elle me joue un pareil tour !

— C’est peut-être justement parce que tu ne lui as rien fait ?

— Possible ! En tout cas il m’envoie ses témoins demain matin. Nous en découdrons à l’aube, paraît-il !

— Outre que le duel est interdit par la loi, c’est proprement grotesque. Vous allez faire rigoler tout Biarritz !

— On va surtout se faire une publicité dont, personnellement, je n’ai pas besoin ! Naturellement, tu es mon témoin mais il m’en faut un deuxième.

— Ça, je m’en charge, fit Adalbert après un instant de réflexion. Je pense que tu seras content ! On fait quoi maintenant ? On va se coucher ?

— On va boire quelque chose de frais. Que dirais-tu d’un gin-fizz ? Je suis bourré jusqu’à la gueule de piment et de truffes ! Ça m’éclaircira les idées pour cogiter sur la façon dont nous allons récupérer le coffret de l’éventail. Parce que, en plus, il n’est pas à elle mais à sa maman dont c’est – air connu ! – l’un des plus « chers trésors ».

Les nouvelles de la nuit inquiétèrent Mme de Sommières mais enthousiasmèrent Plan-Crépin. Un duel ! Comme à l’époque des Mousquetaires ! Qu’y avait-il de plus romantique ! Et pour une femme !

— Non, rectifia la marquise. Pour un mensonge proféré par une folle sans doute hystérique ! Vous rendez-vous compte, tête en l’air, de ce qui se passera si cette histoire arrive aux oreilles de Lisa ? Je vous rappelle qu’elle est à Vienne actuellement, que le baron est viennois et qu’il y aura automatiquement des échos sur le Danube. C’est un tracas supplémentaire dont nous aurions aimé nous passer alors que, enfin, nous savons où se trouve ce fichu collier !

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